Depuis 1980, Martine Veyrat soigne les vaches et conseille les éleveurs dans un village près de Saint-Etienne. Vétérinaire de campagne bientôt à la retraite, elle a commencé à une époque où le métier était masculin et le milieu parfois misogyne.
Je me rappelle très bien quand l’envie de devenir vétérinaire m’a prise, vers 14 ans. J’ai fait ça parce que j’aimais bien les chiens, sans trop savoir en quoi consistait le métier. J’ai eu mon bac à 16 ans et j’ai intégré l’école vétérinaire de Lyon en 1976, après deux années de prépa. On était dix filles sur cent étudiants. Maintenant, avec le développement de la pratique canine, on a 80% de filles dans les promotions. Mais à mon époque, on faisait véto pour soigner les gros animaux. La pratique rurale m’a plu tout de suite : être dehors, toujours sur les routes, l’adrénaline des urgences, le contact avec les gens et les animaux… En 1980, je me suis installée à la campagne près de Saint-Etienne, avec mon compagnon, rencontré à l’école. Pendant vingt ans, je n’ai fait que de la rurale, c’est-à-dire les soins des animaux d’élevage, dont une grande majorité de vaches. J’aime les vaches, elles sont moins bêtes qu’elles en ont l’air ! C’est beaucoup d’obstétrique avec les naissances, mais aussi des conseils d’élevage. En tant que véto, tu fais partie de l’écosystème des éleveurs, les gens t’apprécient encore plus qu’en canine. Quand tu fais naître un veau à minuit, tu fais un effort ensemble, ensuite tu bois un café. Tu entres dans l’intimité des gens, leur maison n’est pas rangée, eux sont mal réveillés. Quand tu fais une perfusion, tu en as pour trente minutes, donc tu parles. J’ai eu des mamies qui me demandaient des conseils pour leur propre santé, car elles n’osaient pas en parler à leur médecin. Le contact avec les gens va me manquer quand je vais partir.