L’espace de quelques jours, les médias français s’enflamment alors que le régime roumain de Ceausescu s’effondre. Trente ans plus tard, les reporters gardent un souvenir amer de ce qui fut une fake news avant l’heure.
« On est en train de découvrir les charniers dans lesquels on a enterré à la va-vite les victimes des émeutes de dimanche dernier. On a compté jusqu’à 3 400 morts dans certains charniers, c’est épouvantable. Cela illustre la folie totale dans laquelle avait sombré le régime de Ceausescu. » Jean-Yves Huchet, l’envoyé spécial de La Cinq, témoigne depuis Timisoara, en Roumanie. Des gros plans sur des cadavres en décomposition occupent l’écran. Nous sommes le 22 décembre 1989 et le public français suit en direct les événements qui vont précipiter la chute du régime communiste roumain. Timisoara, grande ville de l’ouest du pays, frémit depuis quelques jours. Une première manifestation a éclaté le 16 décembre pour protester contre la mutation du pasteur protestant Laszlo Tokes, devenu trop critique envers le régime aux yeux des autorités locales. L’armée intervient, des combats s’engagent. Le 21 décembre, 100 000 ouvriers défilent contre le gouvernement.